Synode des Evêques 2021-2023 "Pour une Eglise Synodale' compte Rendu
SYNODE 2021-2023 : « Pour une Eglise synodale »
Rencontres du Secteur Pastoral de La Teste de Buch – Cazaux
Les 16 novembre 2021, 07 décembre 2021 et 18 janvier 2022
Question I : LES COMPAGNONS DU VOYAGE :
Avec qui marche-t-on ? Avec qui ne marche-t-on pas ? Que disons-nous quand nous disons Eglise ?
En premier, nous marchons ensemble en famille. C’est là que tout commence. Puis en paroisse, grâce à des petits groupes, comme ceux de l’action catholique, les groupes de prière, l’Eglise nous permet la rencontre et le partage de l’Evangile. Il y a aussi un marcher ensemble entre fidèles et prêtres, et prêtres entre eux. La joie le dimanche de partager la messe, bien que parfois on ne partage pas assez avant ou après les célébrations, ou alors uniquement en petits groupes. Nos célébrations manquent parfois de chaleur, de ferveur, de fraternité.
Mais nos communautés vivent seulement autour de l’Eucharistie. Alors que le marcher ensemble, accompagner, c’est être confrontés, et témoigner envers ceux qui ne sont pas là le dimanche, qui sont en dehors de l’Eglise. C’est difficile. Sommes-nous réactifs ?
Quels sont ceux qui marchent autour de nous et pas seulement à la messe ? Comme pour les disciples d’Emmaüs, le Christ interpelle et enseigne toujours, même dans ce monde qui parait ne pas le connaître, qui vit sans Lui, qui est extérieur à l’Eglise. Nous sommes devenus une minorité. Pourquoi les enfants et les jeunes désertent l’Eglise en même temps que leurs parents ? Pourquoi certains viennent puis repartent ? Montrons-nous l’exemple ? Qui nous demande de marcher ensemble ? Pour eux, sommes-nous le sel de la terre ? Comment faisons-nous pour vivre ensemble ? A quelle conversion sommes-nous appelés ? Car l’Eglise c’est aussi ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. Ils sont d’Eglise aussi. A leur côté, sommes-nous exemplaires ?
Aujourd’hui la parole de l’Eglise n’est plus audible, ce qui entraine son déclin. La pauvreté du langage de nos contemporains ne permet pas non plus la réception de cette parole. Ne jamais culpabiliser nos contemporains que l’on fréquente et avec qui nous marchons dans le monde du travail, syndical, associatif. Ne jamais désespérer d’eux : ils sont aussi des personnes de valeur, leurs vies en témoignent. Certains sont croyants sans « aller à l’église » et sont à l’écoute de la Parole de Dieu. Peut-être certains sont comme Zachée qui a croisé le regard du Christ une fois seulement, mais après, on n’a plus entendu parler de lui. Question II : ECOUTER :
Vous sentez-vous écoutés ? Quelles voix ne sont pas écoutées ? Qu’est-ce qui fait obstacle à notre écoute ?
Chapitre un peu culpabilisant. Parfois nous avons l’impression d’être les derniers chrétiens. Combien en restent-ils ?
L’écoute est présente. Les prêtres et les chrétiens devraient partager la vie de ceux qui ne pratiquent pas. Quand nous allons dans les monastères, nous pouvons constater qu’il y a un attrait à l’écoute, tant pour les chrétiens que pour les non chrétiens.
Nous devons essayer de percevoir qui est la personne qui nous appelle. Car être chrétien ce n’est pas seulement «aller à l’église», mais aussi écouter les autres, témoigner à cœur ouvert. Cela parle à nos contemporains qui vivent dans une société avec beaucoup de bruit, et dans laquelle ils sont un peu perdus. La communication reste importante. S’ouvrir à la périphérie.
Dieu nous a créés libres. Capables de croire en Lui. L’écoute est une petite mort à soi-même, et demande de l’humilité. Dans l’évangile, les disciples d’Emmaüs cheminent et sont à l’écoute, mais il y a eu le signe de la fraction : le discernement de chacun permet de poser des actes concrets, des signes.
Parfois le discours est non écouté, inaudible.
La voix de ceux qui ne sont pas écoutés est celle des pauvres. Quel regard porterait une assemblée si un sans domicile fixe lisait une lecture le dimanche ? Une bête de foire ? Pour eux, il y a les mouvements caritatifs chrétiens et non chrétiens comme le secours populaire.
Dans nos communautés, il faudrait mieux accueillir les nouveaux arrivants afin de les présenter aux paroissiens (partage convivial à la fin de la messe). Comment chaque personne se situe pour aller vers les autres, et se laisse interpeler ?
Question IV : CELEBRER :
Est-ce que l’on célèbre ensemble ou pour soi ? Est-ce que l’on célèbre pour le monde ou pour l’Eglise ? Quelle « écoute ensemble » de la Parole ? Les différents acteurs de la célébration : ensemble ou face à face ? Quels ministères ?
La vie du chrétien est un équilibre entre méditation et prière en privée et rassemblements en communauté soit pour un partage de prière, une relecture de vie ou bien les sacrements. Mais comment la prière lorsque je suis seul, me permet de me préparer à marcher ensemble avec les autres ?
On ne peut opposer la vie intérieure et les célébrations liturgiques en particulier celle de l’Eucharistie. Comment arrivons-nous à un accord ?
Pourtant des chrétiens ne vont jamais à l’église et préfèrent prier seuls.
La communauté, c’est quoi, c’est qui ? Est-ce qu’elle existe vraiment ? Dès qu’il y a 2 personnes, il y a communauté. Souvent, il y a un manque d’accueil, un manque d’ouverture à l’autre, même pas un bonjour, un manque d’information sur les actions menées en paroisse. L’attente de chacun est particulière. Chacun arrive avec ses différences. Quelle démarche pour un vivre ensemble ?
Mais c’est aussi aux nouveaux arrivants de forcer les portes, d’intégrer la communauté qui se doit de trouver des personnes prêtes à accueillir. Si on va l’église c’est pour le Christ, mais on peut aussi souffrir de l’absence des membres de la communauté. Intégrer tous ceux qui sont avec nous, des enfants avec leurs paroles aux malades et personnes âgées. Nos communautés sont aussi interpellées par les catéchumènes, jeunes adultes ou pas.
Comment la communauté pourrait s’ouvrir ?
Un témoignage : Une jeune fille du Lycée Saint Elme à Arcachon, ayant suivi tout le parcours d’une jeune chrétienne depuis sa naissance, avec ensuite une activité en camp scout, les Journées Mondiales de la Jeunesse, s’est engagée dans une mission humanitaire en Amérique latine. Elle s’est engagée à cause de sa foi chrétienne, mais par contre, participer à la messe, c’est non, car c’est trop glauque !
Autre exemple : Dans le diocèse des Landes. Deux pèlerinages étaient organisés à Lourdes, un de l’hospitalité bordelaise et un pour les jeunes. 200 jeunes de 15 à 35 ans y participaient avec un service d’animation extraordinaire, y compris avec des temps d’adoration. Il y a dix ans, décision a été prise de regrouper les deux pèlerinages organisés par les ainés. Résultat : plus de participation des jeunes qui ne s’y reconnaissent pas.
Au fil des dernières décennies, un fossé entre jeunes de 15 à 30 ans et le reste de la communauté s’est établi. Pourquoi ce fossé ?
Pourtant aujourd’hui plein de pèlerinages, des temps forts, des grands rassemblements (Taizé, le Frat, Paray le Monial, etc…) sont toujours proposés avec succès. Mais est-ce pour une élite de jeunes chrétiens ? Alors que pour d’autres la foi n’est plus transmise. C’est un problème plus profond.
Depuis le concile Vatican II l’expression de notre foi est très différente, et «chrétiens minoritaires » que nous sommes gardons une grande foi et une joie pour ne pas perdre l’espoir. Notre foi s’enracine dans la vie. Même si d’être peu nombreux nous procure de la souffrance, mais le feu a pris dès l’arrivée du Christ.
L’Eucharistie est un moment communautaire que nous attendons beaucoup. Nous rassembler autour de la table de la Parole et celle de l’Eucharistie. Ensemble nous écoutons la Parole de Dieu qui nous est commentée dans l’homélie. Cette dernière peut nous bousculer, nous retourner ; il y a un beau travail en actualisant la parole vivante, c’est une nourriture, c’est un tout. Même si parfois elle peut paraître « plan plan », alors un partage d’évangile conviendrait mieux.
Les différents lieux de la célébration, les chants, les gestes, les ornements, les objets ouvrent nos cinq sens au Mystère. Le Beau nous dit quelque chose du Vrai. Le livre de la Parole doit être mis en évidence. Nous avons besoin de cette Parole, même si parfois note écoute semble limitée. Comment cette parole nous rejoint dans la vie ?
Pour certains, et surtout les jeunes, il y a la problématique de la compréhension de la langue française. Elle n’est plus comprise de la part des jeunes, qui connaissent les mots mais pas leur signification. Il y a un fossé culturel.
Dans l’Eucharistie, nous sommes dans le face à face. Comment arriver avec nos différences, ne pas être spectateurs et consommateurs, mais aussi acteurs dans nos célébrations ? Nous sommes parfois figés, comment pouvons-nous agir, aller vers une participation active ? Tout en retenant que la Liturgie, c’est quelque chose que l’on reçoit. Elle nous est donnée. Et nous y arrivons avec nos vies. L’importance du chant : Il y a un souffle, un bon moment participatif, chacun à sa place.
Question V : CORESPONSABLES DANS LA MISSION :
Avons-nous l’impression, le désir, la certitude, d’être missionnaires ? Sommes-nous acteurs des choix, des directions missionnaires de l’Eglise ? Nos engagements dans le monde sont-ils missionnaires
Comment la communauté soutient-elle ses engagements, par l’action, par le discernement ? De quelle manière chaque baptisé est-il convoqué à être acteur ? Avons-nous une place dans la mission ? S’engager en étant soutenu. Une voix qui nous appelle. Mission dans l’Eglise et engagement dans la société. Il est difficile de poser un engagement dans la société. Deux actions différentes, mais il faut vivre avec les deux. On le vit mais on n’en parle pas. Depuis le début du christianisme, l’engagement des chrétiens a toujours existé. Il s’inscrit dans un prolongement de ce qui se vit dans l’Eglise, l’un ne va pas sans l’autre.
Comment vivons-nous notre engagement ? Quelle mission dans un monde athée ? Parfois les gens savent qu’un tel est chrétien et ceci n’est pas sans importance. Comment se sentir alors être appelé ? Mais également dans nos engagements nous ne sommes pas forcément identifiés comme chrétiens. Nous posons des actes, une parole, mais sans étiquette. Le chrétien est appelé à rencontrer des personnes dans un cadre bien particulier pour aller dans les périphéries, ceci pour bien vivre la mission. L’engagement politique, ceux des militaires, des chercheurs, des enseignants : Ce sont des vies données. Tout comme l’engagement au sein de notre famille domestique, avec une patience infinie, des échecs, et de l’espérance de voir fleurir ce que l’on a planté.
L’engagement nous invite à aller vers d’autres qui n’ont pas le même niveau professionnel, social. Cela dépend de nos rencontres. La solidarité, la fraternité, la charité nous invitent à rejoindre d’autres personnes avec notre foi, dans l’action sociale, les centres d’accueil, les centres d’hébergements des migrants.
L’Eglise vit elle la coresponsabilité dans la mission ? La paroisse est moins facile à vivre que les groupes de partage, les associations et mouvements chrétiens qui sont une chance pour l’Eglise. Que faisons-nous de ceux qui sont partis ?
Notre communauté est-elle missionnaire ? Il y a moins de 20 enfants catéchisés, éveil à la foi compris, pour 37 000 habitants. Nous manquons de souffle, c’est un repli sur soi, on étouffe. Pourtant depuis 21 ans nos deux secteurs accueillent des catéchumènes, des «recommençants». Nous devons répondre présents pour les accompagner, cheminer avec eux. Nous ne sommes pas assez à l’écoute de ceux qui sont d’autres traditions (juives, musulmanes, bouddhistes), comme avec les chrétiens d’autres confessions. Nous devons changer notre regard sur eux, revisiter notre foi.
Ne jamais désespérer. Toujours chercher. Il nous semble parfois que le Christ dort dans la barque, alors que ressuscité, il continue d’engendrer des filles et des fils.
Question VIII : AUTORITE ET PARTICIPATION :
Une autorité qui « marche ensemble » ou qui marche seule ? Quelle participation à l’autorité (prise de décisions, choix des orientations, règlement des conflits…) ? Quelle réalité du mot « coresponsabilité » ? Une place pour les laïcs ?
Est-ce que les associations cultuelles sont adaptées ? La participation des laïcs est-elle proposée ? L’organisation de l’Eglise est-elle pertinente y compris celle des prêtres ? Devant le manque de prêtres de plus en plus persistant, l’Eglise diocésaine devra appeler des équipes de laïcs au niveau paroissial pour animer la communauté. Comment assurer les liens entre elles ?
Aujourd’hui, les curés desservent plusieurs paroisses. Ils ont trop à faire. On ne sait pas qui prend les décisions, hors le rôle central du prêtre. Entre les curés et les laïcs en service, il manque des équipes permettant une vraie coresponsabilité pour mieux animer la communauté et lui donner plus de cohésion.
Le rôle du prêtre dans le Canon n° 129 : Enseignement, Sanctification, Gouvernement.
Nous attendons du Synode que soit redéfinit la notion de gouvernement du prêtre. Il faut peser pour réformer et réorganiser. Sinon on nie un peu le Peuple de Dieu qui est premier comme le rappelle le pape François. IL FAUT PASSER DU STADE DE LA COLLABORATION, DE LA COOPERATION, A CELUI DE LA CORESPONSABILITE !
Quid des communautés avec bientôt plus de prêtres ou moins de prêtres ? Voir la situation sur le Bassin d’Arcachon : Dans cinq ou dix ans, il n’y aura que 1 ou 2 curés pour tout le Bassin.
Par ailleurs, les associations, mouvements etc… ne ressortent pas assez dans la paroisse, c’est aussi cela la visibilité. Il faudrait mieux les présenter aux cours des célébrations dominicales. Les personnes présentes à l’église le dimanche n’ont pas assez de conscience ecclésiale. Il faut pouvoir en parler, en débattre.
Le diocèse de Bordeaux est en attente des nouveaux statuts de l’EAP. D’autres structures ou mouvements diocésains ne devraient-ils pas être réformés (Association diocésaine, Conseils de toutes sortes, etc…) ? A noter le vieillissement et le manque de renouvellement des laïcs.
Travailler en équipe cela s’apprend. Nous devons encourager et promouvoir la formation. Apprendre l’écoute dans la prise de la parole, prêtres, laïcs. Savoir manager une équipe, travailler en équipe y compris les prêtres. C’est aussi cela conduire au changement. Souhait d’une présence féminine plus affirmée. Il ne faut plus de prise de décision solitaire. La coresponsabilité est plus riche et doit être vécue dans la confiance.
Mais les futurs prêtres en formation dans les séminaires actuels sont-ils prêts à la coresponsabilité ? Nous en doutons… Par ailleurs, les laïcs en responsabilité dans les secteurs ou paroisses devraient être consultés à l’occasion des nominations des curés. Cela engage la paroisse et le diocèse dans la réussite de la rencontre.
Comment se préparer à ce changement, en particulier dans nos paroisses ? Comment se réunir sans prêtre ? Par exemple, dans les Landes, mais aussi en Moselle, ce sont des paroissiens qui prennent en charge le service d’Eglise en semaine mais aussi le dimanche. Dans le diocèse de Poitiers, l’ancien archevêque Mgr. Rouet encourageait ces lieux autonomes dans le fonctionnement mais sous la coordination du curé. Il faudra cependant veiller à ne pas cléricaliser les laïcs, et que ces derniers n’abusent pas de leur pouvoir. Les équipes doivent être nommées avec des lettres de mission pour aider à structurer ces nouvelles organisations.
Question IX : Discerner et décider :
Qui discerne ? Qui décide ? A quelle occasion ? Comment « décider ensemble » dans une structure hiérarchique ? Qui est formé au « discerner et décider ensemble » ? Le « marcher ensemble » est-il le style de nos formations (caté, aumônerie, accueil, séminaire…) ?
Cette question 9 rejoint la question 8. Le discernement et la décision ont déjà été largement discutés.
Comme évoqué au numéro 8, il faut créer des équipes permettant une vraie coresponsabilité pour mieux animer la communauté et lui donner une cohésion, et ce, sans alourdir l’organisation déjà présente.
Dans « ce marcher ensemble », il faudra prendre en compte le nombre de plus en plus réduit de fidèles présents aux célébrations et discerner les lieux et les nombres de cultes à retenir. Il n’y a plus autant de jeunes et de familles. Là aussi le pape appelle au discernement.
La prise de conscience doit nous engager à se transformer, y compris au niveau des médias. Il faut les utiliser, faire prendre conscience, que les sites internet, les mails doivent être utilisés, promus, permettant la rencontre, les informations des associations et des mouvements, les rencontres de jeunes catholiques.
Des moments sont importants, en particulier Noël, ou des personnes dans l’église ont posé des questions sur la crèche, sa signification, sa présence. C’est aussi cela l’avenir de l’Eglise : répondre à des questions.
Des équipes présentes pour évangéliser, puis ensuite transmettre avec ceux qui ne sont pas chrétiens : Il y a beaucoup de monde à rencontrer.
En fin de cette rencontre il a été demandé aux participants s’ils étaient heureux en Eglise, et à ceux qui ont un engagement, s’ils étaient heureux dans la mission ? Tous ont exprimé la joie profonde et toute intérieure qui les habite.